Si on évaluait les sociétés aux déchets qu’elles produisent, on ne pourrait pas dire que la notre soit bien évoluée… Loin de suivre un mode de vie zéro déchet, un Suisse moyen produit 730kg de déchets par an. C’est autant que les Américains.
La raison à cela? Notre attachement inconscient aux objets qu’on possède. C’est comme si on était relié à tous ces objets par des fils imaginaires qui nous retiennent, nous entravent, et nous empêchent d’avancer librement. Simplifier ce qu’on possède permet de simplifier sa vie, et par extension de gagner du temps, d’être plus efficace, d’aller à l’essentiel dans ce qu’on entreprend.
Et c’est ce que propose le mode de vie zéro déchet. S’y mettre est relativement simple quand on appliquant la règle des 5R: Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Composter (rot en anglais). Cette règle a été remise au goût du jour par Béa Johnson, une Française résidant en Californie avec sa famille et qui réussit à produire 1L de déchets par an (voir leur poubelle annuelle ci-contre)!
1. REFUSER le superflu
Le déchet le plus facile à traiter est celui que l’on n’a pas produit
- Dire « non » aux produits à usage unique ou ayant une durée de vie de quelques minutes : bouteilles, serviettes en papier, sacs plastiques, etc. Quand on demande à Béa Johnson pourquoi elle apporte ses bocaux vides et sacs en tissu au supermarché, elle répond simplement « J’ai pas de poubelle ».
- Refuser les objets promotionnels, stylos, gadgets en plastique, babioles gratuites
- Apposer un autocollant « stop pub » sur la boite aux lettres, renvoyer ou se désinscrire des courriers promotionnels nominatifs (idem avec les emails)
- Refuser les cartes de visite. Souvent, on a déjà les coordonnées de la personne.
- Demander vos factures et relevés par email (banque, assurances, électricité, téléphone, internet, etc)
- Pour Noël ou les anniversaires, offrez des cadeaux dématérialisés, des cadeaux d’expérience plutôt que des objets: concert, activité, sortie, massage, soin, thé en vrac… En offrant du matériel, on incite les gens à nous offrir du matériel en échange. Soyez créatifs, offrez un livret de vos recettes maison, confectionnez quelque chose.
2. RÉDUIRE ce dont on a besoin
- Remplacer les dizaines de produits ménagers (pour les WC, les robinets, le carrelage, la cuisine, le calcaire, les vitres, etc) par du vinaigre et du savon liquide. Voir mes recettes de « Tout-en-un » et de « Canard WC ».
- Limiter sa garde-robe à ce qu’on met le plus souvent et donner ce qu’on garde « au cas où »! Dans un mode de vie zéro déchet comme celui de Béa Johnson, tout devrait rentrer dans un bagage à main. Pratique quand on veut partir en vacances…
- Messieurs, utilisez un rasoir de sécurité et faites sécher les lames afin de les conserver plus longtemps. En fin de vie, les recycler avec les métaux.
- Mesdames, utilisez une coupe menstruelle et des serviettes hygiéniques lavables
- Utiliser du savon pour tout: corps, cheveux, lessive à la main…
- Diluer des copeaux de savon dans de l’eau chaude en guise de produit vaisselle et de savon liquide.
- Remplacer les disques démaquillants par des carrés en tissus lavables.
- Remplacer le dentifrice par du bicarbonate de soude.
3. RÉUTILISER
Au lieu d’acheter des produits jetables, achetez réutilisable:
- brosse en bois, chiffons en tissu et grattoir en acier à la cuisine
- bocaux en verre au lieu des sacs de congélation.
- laver et réutiliser vos verrines au lieu de les jeter.
- faire des furoshiki pour emballer votre lunch, ou des cadeaux
- donner à ses invités des serviettes en tissu lavables à la place des serviettes en papier. C’est psychologique: une serviette en papier, on la jette facilement ; une serviette en tissu, on la respecte et on ose moins la salir 🙂
- apporter des sacs réutilisables au supermarché, éviter les sacs plastiques pour les fruits et légumes, mettre son pain dans une taie d’oreiller.
- trouver les magasins qui vendent en vrac (magasins bio par exemple): céréales, pâtes, riz, légumes secs, lessive et produit vaisselle, thé/café, etc.
- acheter d’occasion dans les magasins de seconde main ou sur internet (leboncoin, anibis, ricardo). Demander au vendeur d’envoyer la commande sans plastique, juste du papier/carton de récup.
- Revendez ou donnez ce que vous n’utilisez jamais sur internet, dans les brocantes, gratiferias, magasins de seconde main, sites de vente en ligne
- acheter de la qualité qui dure plus longtemps et peut être réparé
- repérer les marques avec une longue garantie et faites les réparer si besoin.
4. RECYCLER
Il ne s’agit pas de recycler au maximum. Si on consomme moins, on a moins à recycler. Mais pour tout ce qu’on achète, préférer le bois (brosses à dent), le verre, le carton, le métal. Attention aux plastiques recyclables, ils sont souvent transformés en produits qu’on ne peut plus recycler (chaises de jardin, jouets, objets du quotidien).
5. COMPOSTER
- Si vous achetez des fruits et légumes bio, pas besoin de les éplucher. Les épluchures représentent environ 10% du poids des légumes, et contiennent le plus de vitamines!
- On peut aussi composter les mouchoirs en papier, le papier ménage, les ongles et cheveux, les coton-tiges en carton, etc.
Une vie plus simple, recentrée sur l’essentiel
En suivant ce mode de vie, ma femme et moi avons appris à nous contenter de l’essentiel et de se passer du superflu qui finit par remplir des tiroirs et des greniers. Notre budget a drastiquement diminué par rapport à avant et nous ne nous privons pas pour autant.Un Suisse moyen passe plus de 2h par jour devant la télé. Quelle perte de temps et d’énergie! Nous n’avons pas de télé, mais nous prenons le temps de cuisiner, de fabriquer nos produits, de bricoler, de jardiner. C’est plus équilibrant et gratifiant.
« Acheter, c’est voter »
On a un pouvoir en tant que consommateur : on l’appelle d’ailleurs le « pouvoir d’achat ». Lorsqu’on achète un bien, on encourage la production de ce bien. A nous de décider pour quel monde on veut voter: un monde de plastique ou sans emballage? Des produits importés ou des produits locaux? Du « tout jetable » ou du réutilisable?
On a également le pouvoir de proposer des alternatives. Par exemple, Béa a proposé à sa caisse maladie de remplacer les cartes d’assuré en plastique renouvelées tous les ans, par des cartes compostables en carton. La compagnie a suivi sa proposition et grâce à elle, des millions d’assurés américains ont une carte en carton dans leur porte-feuille.
Bilan
Depuis le 1e janvier 2016, j’applique au mieux cette technique. Résultat: nous avons produit à deux environ 12kg d’ordures ménagères. C’est 97% mieux que la moyenne suisse (200kg par personne et par an). Les résultats se voient vite et je conseille d’y aller petit à petit en commençant par ce qui est le plus facile et le moins contraignant.
Finalement, on jette sans réfléchir car la société nous l’impose. Un bon début est de se demander « comment éviter ce déchet? », puis de chercher une solution alternative pour l’éviter la prochaine fois.
Update: après 3 ans de mode de vie zéro déchet, voici notre bilan.
En savoir plus sur le mode de vie zéro déchet
- La liste des alternatives (en images) sur le site Trash is for Tossers
- le livre de la Famille (presque) zéro déchet
- le livre Zéro déchet, Béa Johnson, éd. J’ai lu : 7,60€
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La conférence de Béa Johnson
Si vous n’êtes pas encore convaincu, regardez cette vidéo (20 minutes). Béa Johnson vous convaincra peut-être mieux que moi:
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