expérience zero waste

Loin, très loin des idées reçues, notre expérience zéro déchet de 3 ans s’est avérée être une réussite, une période riche en expériences, en (ré)apprentissages, et un moyen efficace et durable de faire des économies tout en préservant vraiment les ressources de la planète.

Bilan de nos poubelles

Les résultats parlent d’eux-mêmes : alors qu’un Suisse moyen produit 200kg d’ordures ménagères par an, nous avons réussi, dès la première année à diviser par 25 cette quantité, avec 8kg par personne en 2016, déménagement compris.

En 2017, l’arrivée de notre fille a perturbé notre routine. Malgré l’accouchement à la maison, les couches jetables des premières semaines et quelques travaux dans la maison, nous sommes restés à 18kg par personne, soit 10 fois moins que la moyenne. Pour être tout à fait honnête, il faudrait aussi compter une centaine de kilos liés aux vieux meubles de cuisine que nous avons apporté en déchetterie. Même en comptant ces 100kg, cela fait un total de 53kg : c’est encore 4 fois moins que la moyenne.

couches lavables

En 2018, nous nous sommes stabilisés à 12kg chacun, dont une bonne moitié sont les couches jetables que nous utilisons la nuit pour notre fille. Nous avons de la marge pour en arriver au bocal de Béa Johnson, mais c’est l’équilibre que nous avons trouvé pour l’instant.

Recycler moins

recyclage

Moins de déchets, c’est aussi recycler moins. Nous avons pesé verre, carton, papier, métaux et autres matières recyclables pendant deux ans pour tenter de vérifier cette maxime, chiffres à l’appui. Alors qu’en Suisse, on recycle 230kg de matières par personne, nous avons pesé 28kg chacun en 2017 (-88%), et 22kg en 2018 (-90%). Pourquoi ces chiffres ? Car il ne s’agit pas remplacer le plastique par le carton, mais bien d’éviter toute forme de déchet en amont. Gardez à l’esprit que le recyclage pollue aussi beaucoup et qu’il n’est pas une solution viable à long terme. D’où l’intérêt de refuser, réduire et réutiliser lorsque c’est possible, avant de chercher à recycler.

Comment réduire ses déchets?

Il y a beaucoup d’astuces pour produire moins de déchets :

  • acheter le strict nécessaire, donner ou vendre ce qu’on n’utilise plus
  • acheter d’occasion
  • consommer local (ferme, marché, petits commerces) en apportant ses contenants
  • faire ses produits ménagers et cosmétiques
  • faire durer le matériel, privilégier la qualité, réparer
  • vendre ou donner ce qu’on n’utilise plus

Au fur et à mesure de notre expérience zéro déchet, on s’est rendu compte que les a priori que nous avions au départ se sont progressivement évanouis les uns après les autres. Voici un petit florilège d’idées reçues (à tort) sur le mode de vie zéro déchet.

Idée reçue #1 : « C’est plus cher »

Faux. Tout dépend de ce qu’on compare. Si on compare le prix de certains aliments industriels avec leur équivalent bio, local et sans emballage, effectivement cela revient un peu plus cher. Mais si on regarde la globalité du budget familial, on constate une baisse significative, et ce pour plusieurs raisons:

  • Inclut-on aussi dans le budget alimentation les restos, les sucreries achetées au distributeur, le café à l’emporter du matin? Chez nous, les restos sont une exception et nous avons simplement appris à résister à l’appel du tout-prêt emballé inutilement.
  • Acheter dans une épicerie bio-vrac permet d’échapper aux tentations du marketing et des actions promotionnelles. On achète rarement plus que ce qui est sur la liste de course. En outre, si vous souhaitez faire attention à votre alimentation, sachez que c’est au supermarché que ça se joue. Une fois le Nutella dans le placard, vous pouvez résister un jour, une semaine, un mois, vous finirez par le manger. Vous pouvez vous motiver en participant au défi « Février sans supermarché« .
  • Le zero waste, c’est d’abord se satisfaire de ce qu’on a. Les soldes, les Black Friday, les commandes en ligne: tout ceci vous fait croire que vous économisez, alors que vous ne cessez de dépenser toujours plus.
  • En faisant vos cosmétiques et vos produits ménagers, vous faites des économies, prenez soin de votre peau, et détoxifiez votre maison.
  • A l’origine, le zéro déchet n’était pas notre objectif. Un de nos premiers pas (inconscient) vers le zéro déchet a été de s’abonner à un panier de légumes bio, locaux et de saison. Ce que nous pensions être plus cher s’est révélé l’inverse: nous avons cuisiné davantage, et même préparé de quoi remplir deux Tupperware à emporter le lendemain. Et manger sain, c’est un critère de bonne santé. Trouvez un producteur près de chez vous (Réseau des AMAP en France, Fédération des ACP en Suisse)
  • Un autre bon moyen d’économiser est d’acheter d’occasion: friperies, trocs, brocantes, internet, on trouve beaucoup de choses pour pas cher.

Des économies bien concrètes

Résultat : notre budget est deux fois plus petit que le budget moyen d’un ménage suisse, ce qui nous a permis de réduire notre temps de travail pour se consacrer à des choses plus importantes. Tout est une question de choix: où investit-on son argent, son temps, son énergie? Dans les supermarchés, dans un monde de consommation de masse qui nous empoisonne à petit feu? Ou dans une économie alternative qui privilégie l’essentiel, la tempérance, la qualité, la préservation des ressources?

Idée reçue #2 : « C’est contraignant »

Faux. Certes, cela demande un peu d’énergie et de réflexion au début pour trouver les bonnes adresses, les bonnes recettes, les bonnes astuces. Mais c’est avant tout une histoire d’organisation. Faire ses courses n’est plus la contrainte stressante du samedi matin.

  • Faire ses produits ménagers prend très peu de temps. Lors des ateliers que j’anime, la partie pratique excède guère 1h et les participants inexpérimentés fabriquent 4 ou 5 produits. Et encore, sans l’inertie du groupe et avec un peu d’expérience, on peut faire tous ses produits pour six mois en environ 30 minutes (soit l’équivalent d’un petit épisode Netflix).
  • On dit toujours manquer de temps, mais avez-vous déjà calculé le temps quotidien passé sur votre smartphone, la TV ou internet? Un Suisse moyen, c’est plus de 2h par jour devant la TV. Je n’ai ni TV ni smartphone, ce qui me libère du temps pour des choses plus intéressantes et utiles.
  • Si on attend d’avoir du temps pour faire quelque chose ou changer une habitude, on ne le fait jamais.
  • Il faut 30 jours pour changer une habitude, c’est scientifiquement prouvé. Si vous faites un petit effort pendant un mois, cela devient une habitude. Et qui dit habitude dit réflexe, automatisme.

Idée reçue #3 : « On ne peut jamais arriver à zéro déchet »

Vrai. J’admets volontiers le caractère un peu usurpateur de l’expression « zéro déchet », car on n’y arrivera probablement jamais. Cependant, si certaines familles produisent des tonnes de déchets alors que d’autres arrivent à en produire un litre par an, je me suis rendu compte qu’il y avait de la place entre ces deux extrêmes, et un juste milieu à trouver. Mais j’ai surtout eu la preuve que c’était possible de faire beaucoup mieux. Alors zéro déchet n’est peut-être pas la meilleure expression, mais je trouve utile d’avoir cette vision comme ligne d’horizon. Ne dit-on pas que l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain ?

Idée reçue n°4 : « Le zéro déchet ne changera pas l’état de la planète »

Faux. Je trouve stérile de mettre la faute sur les politiciens, les multinationales, les supermarchés, les Chinois ou « les gens » qui ne font pas ce qu’il faut. Au contraire, quand on critique un système, on l’alimente. Certes les politiques et les industriels ont un rôle à jouer. Mais à l’évidence, on ne peut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre (dixit Einstein). Et on n’a pas inventé l’ampoule en modifiant la bougie (encore Einstein). Le modèle entier est corrompu, perverti, toxique. Il s’agit de l’ignorer et de construire un modèle alternatif à côté, sans haine ni violence. Il ne faut pas confondre apporter sa pierre et jeter des pavés, créer et détruire, alimenter et laisser crever. Le système actuel n’est pas durable et il s’éteindra tout seul au fur et à mesure que le nouveau grandira.

Prenez plutôt modèle sur ceux qui arrivent à faire les choses autrement. Renseignez-vous sur les alternatives en terme d’alimentation, de santé, de mode de vie, de philosophie de vie. Je suis intimement convaincu que la somme des petits gestes a un impact décisif sur le long terme. Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grands fleuves ?

Réduire son empreinte carbone avec le zéro déchet

Le zéro déchet est un excellent moyen de réduire son impact sur la planète car il permet de réfléchir sérieusement sur son mode de vie, de remettre en cause ses habitudes les plus polluantes, pas à pas, à son rythme, en commençant par ce qui paraît le plus facile. Le zéro déchet est en fait un exercice de simplification de notre vie.

Notre expérience zéro déchet a démontré que les idées préconçues sont en fait colportées par des personnes n’ayant jamais essayé. Faites-vous donc plutôt conseiller par ceux qui ont une expérience à partager et des leçons à en tirer. De notre côté, les résultats sont là et cette voie nous paraît aujourd’hui comme une évidence.


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