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Les dérives du business zéro déchet

zero waste lifestyle

L’écologie est la nouvelle tendance, et qui dit mode dit business. Plutôt que de chercher à réduire notre consommation pour préserver notre petite planète, le business zéro déchet a trouvé des alternatives soit-disant vertes à tous nos besoins. L’important est de continuer à vendre tout et n’importe quoi.

1. La gourde en inox

L’alternative aux bouteilles en plastique (qui diffusent des molécules toxiques dans la boisson), c’est d’avoir des matériaux stables et inertes. Alors vendons des gourdes en verre et en inox, avec un petit emballage en carton recyclé, un logo vert et un argumentaire écolo pour justifier le prix exorbitant. Ça se vend comme des petits pains. Ce n’est pas comme si les bouteilles en verre n’existait pas. On en achète assez souvent pour en trouver une pratique à réutiliser. Personnellement, j’ai une bouteille de jus de fruit Biotta depuis 2 ans, je la lave régulièrement, et j’ai remplacé le bouchon alu par un bouchon de Rivella en plastique qui ne s’oxyde pas (« bouuuh, le plastique c’est mal »).

2. La brosse à dent en bambou

Oh my God, c’est tellement green! Les brosses en bambou sont certes biodégradables, mais les poils sont souvent en nylon. Donc non biodégradable. A la fin, qui fait vraiment l’effort de casser la brosse à dent pour jeter le bois au compost et le reste à la poubelle?
Enfin, leur durée de vie est plus courte.

Personnellement, j’ai la même brosse à dent en plastique (« re-bouuuh ») depuis 2 ans. Elle n’est pas usée et je refuse de me plier au lobby bucco-dentaire qui préconise d’acheter (et jeter) 4 brosses par an. D’après mon expérience (ma femme et ma fille en ont eu), les brosses à dent ont duré à peine 2-3 mois avant que les poils se plient et puis ciao. Donc autant garder sa brosse en plastique et en prendre soin.

Enfin, même en faisant du « zéro déchet », ma famille de 3 produit 40kg d’ordures ménagères par an. Ma brosse à dent pèse 10 grammes. Même en la changeant tous les ans, cela représenterait 0.1% de mes déchets. Il y a d’autres leviers plus efficaces pour réduire ses déchets, croyez-moi!

3. Les cosmétiques sans cochonneries

Vive le shampooing sans paraben pour prendre soin de mon corps. Vraiment? Côté face de l’étiquette et en gros caractère, tout ce qu’il n’y a pas: « sans paraben, sans colorant… ». Côté pile et en tout petit, ce qu’il y a vraiment dedans, car c’est la loi. Mais l’étiquette est l’arbre qui cache la forêt, une combine pour continuer à vendre des cochonneries dont on peut se passer en simplifiant.

Gel douche, shampooing, savon liquide, produit vaisselle: tous contiennent de l’eau comme ingrédient principal. Qui dit eau, dit potentiel nid à bactéries, dit besoin de conservateurs et de biocides pour empêcher ces cochonneries de se développer dans le flacon, et dit aussi pollution des eaux et intoxication de notre peau.

Ma solution: se laver le corps à l’eau (sans savon, ou en tout cas beaucoup moins souvent) permet de préserver notre film hydrolipidique et l’équilibre de notre peau. Et on ne pue pas plus, promis! Pour les cheveux aussi, essayez la méthode no poo (pas encore testé).

4. Les sacs en tissu et tote bags

« Mais il a toujours un truc à redire, celui-là! » 😉 Pas que je sois contre les sacs en tissu et tote bags, mais ayons juste en tête que l’énergie grise d’un sac (c’est-à-dire l’énergie nécessaire à sa fabrication) est plusieurs centaines de fois supérieure à celle d’un sac en papier. S’il vous arrive d’utiliser des sacs en papier, il est aussi possible de les réutiliser plusieurs fois.Des alternatives: utilisez des chutes de tissu pour fabriquer vos propres sacs. Ou encore faites vos courses en vrac avec des tupps.

5. Les pailles réutilisables

Voilà un sujet populaire. L’interdiction des pailles en plastique est une bonne chose. Mais est-ce plus écologique d’en acheter en carton ou en inox? Je ne crois pas. Avant d’acheter une paille en inox avec l’écouvillon et l’énergie grise qui va avec, posons-nous la question: ai-je besoin d’une paille? Non? Alors on la laisse en rayon et on se simplifie la vie.

6. Les trucs compostables

Si c’est à usage unique, c’est-à-dire jetable, ce n’est pas durable, par définition. Serviette compostable: est-ce vraiment indispensable? Gobelet en carton compostable: pareil. Dans le gobelet en plastique, le problème n’est pas le plastique, c’est le concept de gobelet qu’on peut souvent remplacer par un verre lavable, une tasse, etc.

7. Le bee wrap

C’est un DIY (abréviation de do it yourself, soit quelque chose qu’on fabrique soi-même) incontournable pour quiconque passe au zéro déchet. Constitué de tissu en coton et de cire d’abeille, il offre une alternative intéressante au film alimentaire en plastique. Si le tissu peut être une simple chute de récup’, la cire d’abeille n’est pas si abondante que ça.

Utiliser un bee wrap est donc intéressant si on l’utilise des dizaines ou des centaines de fois. Mais comme ça peut moisir assez vite, autant avoir un film ou un sachet en plastique (type sac de congélation) qu’on peut laver plus facilement. Le plastique a aussi des avantages qu’il serait dommage de nier. Et bien sûr, plus on les réutilise souvent, plus on diminue l’impact par utilisation.

Conclusion

J’ai peut-être la critique facile contre tous ces trucs wanna be écolo, mais principalement car on oublie de considérer l’impact qu’ils nécessitent pour leur fabrication, leur transport, leur emballage, leur stockage, etc. Le principe est toujours le même: refuser ce dont on n’a pas besoin, et faire durer ce qu’on possède le plus longtemps possible, en prenant soin, en réparant, et en réutilisant à l’infini.


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